A genoux

[eliazar]

Toujours sur le site catholique romain que j'ai cité par ailleurs ( http://www.chretiente.info/breve.php3?id_breve=1108 ), je viens de relever une intervention au tout récent Synode 2005, prononcée par un cardinal bordelais dont le moins qu'on puisse dire est qu'il n'avait pas encore lu la remarquable étude sur le même sujet de notre cher archimandrite Grigorios (Papathomas).

Je cite le début ?

« Attitudes d’adoration » : c’était le thème de l’intervention, remarquée du cardinal français Jean-Louis Tauran, archiviste et bibliothécaire de S.R.C., lors de la huitième congrégation générale, vendredi matin.

« Dans le monde occidental au moins, la génuflexion est de moins en moins en usage. On ne se met pratiquement plus à genoux durant la célébration de la messe. Les églises étant souvent fermées durant la semaine, la visite au Saint Sacrement est souvent rendue impossible », soulignait le cardinal bordelais.

« Il serait bon, soulignait-il, que soit rappelée l’importance du témoignage de chrétiens et de communautés qui n’hésitent pas à se mettre à genoux pour témoigner de la grandeur et de la proximité de Dieu dans l’Eucharistie ».

On en apprend des choses, quand on dialogue...

[Sylvie]

Cher Eliazar,

C'est triste à dire, mais la situation est bien réelle.

Je ne sais pas ce qui s'est passé pour que les gens ne fassent plus de génuflexions devant le Tabernacle. Certains au moins s'inclinent. Je sais que pour les Orthodoxes, il n'y a pas de métanie le dimanche à cause de la Résurrection. Mais ce n'est pas pour cette raison là que les Catholiques ne font plus de génuflexions. Ils ne se mettent pas non plus debout en prière.

Habituellement, lorsque nous entrons dans l'Église, nous mettons nos doigts dans l'eau bénite et nous nous signons du signe de la Croix en regardant vers le Tabernacle. Ensuite, avant d'entrer dans le banc, nous faisons notre génuflexion envers Jésus présent dans le Tabernacle. Nous nous mettons à genoux (même le dimanche) pour faire nos prières personnelles en attendant le début de la messe. Après la messe, nous restons prier à genoux et en silence et action de grâce pour la communion que nous avons reçue.

Nous n'étions que quelques personnes à faire ainsi. C'est ce que ma mère nous avait inculqué. Ma mère avait une grande foi et piété. Mémoire éternelle !

Peut-être, qu'une des causes de ce changement est que les Tabernacles étaient autrefois au centre du Sanctuaire au dessus de l'autel pour la consécration. Le prêtre tournait le dos au peuple pour la célébration de l'Eucharistie. Après Vatican II, le prêtre devait célébrer la messe face au Peuple. Souvent c'est la chaise du prêtre qui prenait la place centrale du sanctuaire derrière l'autel et le Tabernacle était déménagé sur un des côté du sanctuaire.


Amicalement

Sylvie

[Antoine]

Je ne sais pas ce qui s'est passé pour que les gens ne fassent plus de génuflexions devant le Tabernacle.

Justement on ne l'a jamais su. C'est bien pour ça qu'ils ne font plus de génuflexion...

[GIORGOS]

Sylvie écrit:

Le prêtre tournait le dos au peuple pour la célébration de l'Eucharistie. Après Vatican II, le prêtre devait célébrer la messe face au Peuple.

Un prêtre orthodoxe récemment ordonné, lequel a reçu son enseignement dans la Grèce, et alors bien éloigné des préoccupations sur la conduite des « c.r. », est envoyé dans un pays de culture hispanique, mais malheureusement pour servir seulement les brebis de l’émigration -selon la coutume diplomatique du Patriarcat de Constantinople-, et il est interpellé par une ancienne dame laquelle a assisté à la Divine Liturgie par une question de societé:

-Mais mon Père, vous faites comme le faisaient les catholiques il y beaucoup de temps. Vous priez de dos au peuple. Il vous faut vous ajourner !!!...

Le Père a douté un moment avant de répondre, et alors un éclair l’a soufflé la réponse :

-Madame, je ne me place pas de dos au peuple. Autant le peuple que moi nous nous tournons tous face à Dieu lequel est dans l’autel.

Il me l'a racconté.

[Anne Geneviève]

A genoux !
Je ne sais pourquoi, ce biau discours kto m’évoque deux chansons, une de Brassens qui paraphrase le célèbre pari de Blaise Pascal, un peu polissonne certes, mais si bien écrite ! et l’autre de la chouannerie : « prends ton fusil, Grégoire, et ton chapelet d’ivoire… »
En tout cas, l’agenouillement est datable. Je n’en ai pas trouvé de trace dans les enluminures, fresques et autres bas-reliefs avant le haut moyen âge.
Mais il est intéressant de savoir que, dans la culture franque, on s’agenouille :
1. devant son seigneur pour l’hommage lige
2. devant le vainqueur pour implorer sa clémence
3. devant le roi quand on fait appel à sa justice.
C’est, pour résumer, la posture de l’inférieur quand il prête serment. Et la réponse du supérieur, quand il a de l’éducation, c’est de relever immédiatement celui qui s’est agenouillé et même de l’aider symboliquement en le prenant par le coude. Ne pas relever celui qui s’agenouille, c’est le déclarer aux yeux de tous coupable sans pardon, ennemi sans rançon, félon dont l’hommage n’est pas accepté.
Alors l’adoration à genoux en contexte kto, ça va très bien avec la théologie de la satisfaction où Dieu semble un hidalgo offensé et où l’homme doit en permanence s’écraser sans certitude du pardon.
A cet agenouillement s’oppose l’icône orthodoxe de la Résurrection, où le Christ relève Adam et Eve.