
http://www.equipes-notre-dame.com/fls/images/icone.gif
Sylvie a écrit :« J'ai une image de l'Icône de la Sainte Trinité collée sur une planche de bois, Notre-Dame du Perpétuel-Secours (peinte directement sur le bois) et une Icône de la Sainte-Famille (laminé). »
Le Kondakion - ton 2 du 1er dimanche de carême où nous fêtons la victoire de l’Eglise sur les iconoclastes chante:
- Le Verbe incirconscriptible du Père, s'est circonscrit en s'incarnant de Toi, ô Mère de Dieu,
- et, restaurant sous sa forme ancienne l'image souillée, Il l'a unie à la divine beauté.
- Mais confessant le salut, nous le représentons en actes et en paroles.
Cette première phrase est le fondement christologique de toute la tradition iconographique, « Le verbe s’est fait chair afin que la chair devienne Verbe » écrit Marc l’ascète. Je trouve cette formulation de Marc plus puissante, plus vigoureuse, plus trinitaire que l’adage patristique lancé par St Irénée et repris par St Athanase : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. » Il s’agit bien du Verbe et de notre participation à la Trinité.
La deuxième phrase du kondak révèle le sens de l’incarnation et dévoile les desseins de Dieu envers l’homme; et la fin du Kondak résume notre foi et en cette Vérité du salut par l’incarnation, notre acceptation de l’économie divine et notre synergie dans l’œuvre de Dieu.
Nous n’avons pas à représenter sur une icône la paternité adoptive de Joseph, car cette paternité n’est pas divino humaine comme l’est la maternité de Marie, Théotokos.
Cette fausse icône de la sainte famille ratifie également une hérésie qui s’est glissée dans le credo latin: En effet nous disons : «Qui, pour nous, hommes, et pour notre salut, est descendu des cieux S’est incarné du Saint-Esprit et de la Vierge Marie, et s’est fait homme.» Les latins ont traduit le «et» par «ex», réduisant ainsi le mystère de Marie à une simple instrumentalisation. (Et Incarnatus est de Spiritu Sancto ex Maria Virgine.) Cette mauvaise latinisation nie le qualificatif de Théotokos confirmé au concile d’Ephèse. ( Voir le fil «Crucifixion: homicide ou déicide?»de juin 2004 et au condensé de théologie christologique que j’y ait écrit en répondant à JF Var de l’Ecof.)
Le Père de Jésus reste bien évidemment La première personne de la Trinité. Nous ne le connaissons que par le Fils (Jn 12,45) «Celui qui M’a vu a vu le Père» (Jn 14,9).
Sur une icône nous ne représentons que ce qui est révélé et la paternité adoptive de Joseph n’appartient pas à la Révélation du verbe fait homme en tant que telle. Elle n’est pas de nature «divino humaine». (Nous parlons en ce qui concerne le Christ du «Dieu-homme» et non pas de «l’Homme-Dieu» , comme je l’ai lu sur les panneaux explicatifs qui jalonnent la cathédrale Notre Dame de Paris pour les visiteurs. Cette inversion dans l’ordre des termes est aussi génératrice d’hérésies.)
Nous ne représentons jamais sur une icône l’humanité du Christ mais toujours sa personne qui réunit la double nature. Par exemple nous ne représentons pas les souffrances physiques comme le fait l’art religieux occidental. Nous ne séparons pas la nature divine de la nature humaine réunie sans confusion dans la personne du Christ. Or cette icône de la sainte Famille nous représente un Christ, fiston adolescent entre papa et maman. Nous sommes en plein nestorianisme une fois de plus.
Il est significatif que notre Kondak de la fête du triomphe de l’orthodoxie cité ci-dessus s’adresse à la Mère de Dieu et non pas à la Trinité. Il résume tout l’enseignement dogmatique sur le christ et sur la Mère de Dieu dont l’incarnation est le dogme fondamental. Or "l’icône de la sainte famille" introduit dans son imagerie la composante du rôle de Joseph qui n’en fait pas partie. Elle réduit Marie au niveau d’épouse de Joseph en la dépossédant de son titre de Théotokos et elle minimise le «fiat» de Marie dans la logique de l’hérésie romaine de l’Immaculée conception. Le rôle de Marie de la Mère de Dieu, par son consentement «Qu’il m’advienne selon ta parole» a été indispensable à l’incarnation qui rendit Dieu visible et donc iconographiquement représentable. La représentation iconographique du Christ se fonde sur l’humanité représentable de Marie. C’est ce que Saint Théodore nous dit :
«Puisqu'Il procède du Père incirconscriptible, il est aussi incirconscriptible, et ne saurait avoir d'image faite par l’œuvre de l'art : à quelle ressemblance comparera-t-on la Divinité, dont la divine Ecriture interdit toute représentation? Mais puisqu'il a été engendré d'une mère circonscrite, il doit admettre d'avoir une image, à l'instar de l'image maternelle. Si c'était impossible, il ne pourrait provenir d'une mère circonscriptible. Il ne proviendrait donc que du seul engendrement paternel, ce qui détruirait la possibilité de toute l'économie.» (L’image incarnée , St Théodore du Stoudion, ed l’Age d’Homme, traduction de Jean-Louis Palierne ,p102, solution à la troisième objection.)
C’est de Marie seule par son « fiat » que Jésus tire son humanité et certainement pas de Joseph qui n’a donc pas à être représenté sur une icône dans un rôle qui n’est pas le sien.
Il est en deçà, comme nous le voyons sur nos icônes de la nativité qui le montrent en proie au doute, et doit rester en deçà.
Voici ci dessous, en italique, cette présentation catholique romaine de cette fausse icône qui n’a rien d’orthodoxe ni de conforme aux canons conciliaires et à la tradition chrétienne.
Réalisée pour les Equipes Notre-Dame par Sœur Marie-Paule, religieuse bénédictine du Monastère du Mont des Oliviers à Jérusalem.
L'Icône de la Sainte Famille est l'icône de la Communion, de la tendresse de Dieu, de la Vie, donc Icône de la Trinité.
Dire que cette icône serait icône de la Trinité ou à l’image d’une icône de la Trinité est une monstruosité. Un petit câlin de Joseph à Marie ne saurait représenter l’Agape intra-trinitaire. On ne représente pas l’Amour de Dieu par des images de tendresse humaine. C’est un gros délire de bonne sœur en manque d’affection familiale.
Elle est l'icône de l'Eglise, de ses épousailles en germe dès la Genèse (1, 27) à travers le mystère de l'union de l'homme et de la femme, dans la fécondité de l'amour.
Il n’a pas de fécondité entre Marie et Joseph. qui n’ont jamais été non plus l’image paulinienne des épousailles du Christ et de l’Eglise. Le délire continue…
Elle est l'icône du foyer où chacun des conjoints se retrouve dans son identité personnelle, à travers la diversité des dons et dans l'unité du couple.
Il existe des icône de foyer sur lesquelles ont peut réunir chaque Saint Patron des membres de la famille, mais pas une mise en scène de ses membres. Ici nous avons une image mièvre et purement humaine d’une photo de famille extraite de l’album de souvenirs de Joseph lors de vacances d’été en Palestine. D’ici que Sœur Marie-Paule nous dessine Marie en maillot de bain souriant tendrement à Joseph en train de faire des pâtés de sable avec Jésus sur le bords de la Mer Morte, il n’y a pas loin.
Elle est l'icône de chaque être, un et trois à la fois.
Non. C’est une grave erreur que de donner ce rôle théologique à Joseph. Si à la rigueur nous sommes un et de structure Trinitaire, ce qui resterait à expliciter avec beaucoup de prudence, ce n’est certainement pas en référence à une Trinité Jésus-Marie-Joseph.
Beaucoup d'autres mystères se dévoileront à qui sait la regarder.
Certains sont explicités par l'attitude de Marie et de Joseph : la grande tendresse, la confiance, l'Enfant porté à deux, à la fois Oeuvre de Dieu et fruit de leur amour, ou encore les trois mains unies, évoquant l'alliance du Christ et du foyer dans le mariage.
Jésus n’est pas le fruit d’amour de Marie et de Joseph. Les sentiment de tendresse, confiance ci-dessus ne sont pas à vénérer iconographiquement. Nous ne prions ni la tendresse humaine ni la confiance humaine . Une image narcissique du couple ne peut servir de support à la prière. Quant aux trois mains unies en pseudo symbole d’alliance du christ et du foyer, nous avons déjà dit que le mariage n’est pas à l’image des épousailles de Joseph et de Marie mais du Christ et de l’Eglise. Joseph n’a jamais ni préfiguré ni figuré l’Eglise. Et ce petit symbolisme à la noix des mains unies témoigne plutôt d’un grand infantilisme spirituel de "l’iconographe".
Mais on peut aller plus avant encore et, pénétrant au cœur de ce mystère du Foyer, Icône de Dieu par excellence, découvrir qu'à travers la diversité des dons et des caractères, chaque être est à la fois homme, femme et enfant, fils de Dieu, fruit de toute une montée vers la lumière.
Ah que c’est beau, j’en ai la larme à l’œil devant tant de poésie et de profondeur dans la saisie de mon être. Et cette ascension vers la lumière ! Grandiose vous ne trouvez pas. Il y a bien sûr confusion entre amour et mariage des époux d'une part, et foyer d'autre part. La génération humaine n'est pas l'image de la génération du Fils et de la spiration de l'Esprit. Me révéler ma soi disante féminité n'a pas non plus d'intérêt spirituel sur un plan iconographique. Si c'est là le but de cette icône elle est encore bien à côté de la tradition de l'Eglise. On y mélange dangereusement le psy et la Révélation.
La femme symbolise le cœur, l'intérieur de l'être ; d'où son vêtement royal (rouge pourpre). Tout l'être est en harmonie profonde quand un cœur pur et saint règne sur le chaos intérieur et en fait l'unité : "Vous êtes un peuple de rois..."
Banalité affligeante qui féminise le cœur. La prière du cœur est une féminisation de la vie spirituelle sans doute. Manque de pot on aurait dû écrire «vous êtes un peuple de reines».
L'homme symbolise le caractère sacerdotal, l'extérieur de l'être. Celui qui offre, qui protège, qui travaille, qui se sacrifie ; d'où le brun couleur de la terre (=ascèse) et le bleu sombre symbole de la foi annonçant une aurore.
Il faudra m’expliquer la relation entre sacerdotal et extérieur de l’être. Sans doute cela s’appuie-t-il sur le Christ "grand extérieur de l’être selon l’ordre de Melchisédech."
Sylvie, vous devriez donc retirer cette œuvre de votre iconostase. Elle ne peut que vous attirer dans les errances de la fausse prière.
Il existe, sur cette fausse icône, une critique excellente de sœur Magdala, je crois, du monastère orthodoxe de Maldon. Je ne l’ai pas retrouvée dans ma bibliothèque, mais si quelqu’un la possède qu’il veuille bien l’envoyer sur le forum.