Théophanie

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Antoine
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Théophanie

Message par Antoine »

Saint Nicodème l'Hagiorite
Commentaire des trois premiers tropaires de l'ode 1 du canon composé par saint Cosmas le Mélode, évêque de Maïoumas

Premier Tropaire
Par les flots du Jourdain, le Seigneur Roi des siècles renouvelle Adam qui s'était laissé corrompre et Il brise les têtes des dragons qui s'y étaient cachés, car Il s'est couvert de gloire.

Ce tropaire est une allégorie de l'Hirmos où l'on voit que la Mer Rouge est un abîme par lequel les Israélites furent sauvés, alors que les Égyptiens y furent engloutis. De même ici, lors du Baptême du Seigneur le fleuve du Jourdain représente l'abîme, et l'homme corrompu par le péché est reformé en lui, alors que les dragons cachés dans les eaux, c'est-à-dire les démon, entrent la tête fracassée. Voyez-vous la merveilleuse allégorie de Cosmas ? Mais expliquons plus précisément le tropaire.
Le Seigneur, dit-il, qui est selon Moïse le Roi des siècles (Ex 15,18), par son propre Baptême, reforme aujourd'hui avec les flots du Jourdain, l'ancien Adam corrompu par le péché. "Mais, ô admirable mélodie, lui diraient certains, étonnés, pour reformer un pot de terre, l'eau ne suffit pas au potier, il lui faut aussi du feu - l'eau pour ramollir et modeler la terre du pot brisé, et le feu pour faire chauffer et refondre l'argile modelée, et ainsi il peut donner une nouvelle forme au pot brisé. Toi, ô hiérarque, tu n'as parlé que de l'eau; comment as-tu gardé le feu sous silence ?"
Nous répondons à la question en disant que le divin poète, avec l'eau, a aussi mentionné de façon concise le deux, puisque les deux sont nécessaires au remodelage. Tout comme le potier, quand il veut remodeler le pot brisé, ainsi Dieu, le grand Potier de notre argile humaine, voulant reformer par amour de l'homme notre nature broyée par le péché, S'est servi d'eau et de feu. Le feu, Il le retire de Lui-même, car Dieu est un feu dévorant, selon la divine Écriture. (Dt 24). Il dévore la malice, selon saint Grégoire le Théologien (homélie sur le Baptême). L'eau, Il l'emporte du Jourdain, et ainsi avec les deux il remodèle entièrement Adam. C'est pourquoi un autre hymnographe, admirant que le Christ fait refondre sans feu (matériel) les baptisés, et les reforme sans les briser (matériellement) s'écria : O miracle ! sans feu Il fait refondre, et Il reforme sans briser." (Doxastikon des Apostiches des Petits Vêpres, le 5 Janvier).
Dans le Jourdain, le Christ n'a pas seulement reformé Adam corrompu, comme nous l'avons dit, mais en plus, il a fracassé les têtes des dragons qui se cachaient dans les aux, comme le prophète-roi s'était écrié : "C'est Toi qui as écrasé la tête du dragon, qui l'as donné en nourriture aux peuples d'Éthiopie." (Ps 73,14). Au pluriel le mot "dragon" désigne les démons, au singulier le chef et premier d'entre eux, Satan. Les têtes des démons sont les premières et principales passions, à savoir : l'amour du plaisir, l'amour de l'argent et l'amour de la gloire. La tête du diable est l'orgueil, l'égoïsme et surtout l'idolâtrie. Dans les eaux se trouvent Satan et les démons, puisque ceux-ci se réjouissent dans l'humidité des plaisirs du corps qui se manifestent par l'eau. Aussi le diable est appelé Leviathan, ce qui signifie : "Roi de ceux qui sont dans les eaux," comme cela est écrit dans Job : "Pêcheras-tu Leviathan avec l'hameçon ? et lui lieras-tu la langue avec une corde ?" (Job 40,25), ce que Olympiodore explique ainsi : "Il est roi de tous ceux qui mènent une vie humide, coulant et de plaisirs; c'est pourquoi prions notre Maître que le péché ne règne pas sur nous."
Donc, à travers le seul fleuve du Jourdain, deux événements étranges et contraires se produisent : le remodelage d'Adam et le fracas des dragons invisibles, et c'est par ces deux événements que le Christ - qui en est l'Auteur - est glorifié.

Deuxième Tropaire
Ayant revêtu du feu immatériel de la divinité la chair matérielle, le Seigneur incarné de la Vierge se recouvre des eaux du Jourdain, car Il s'est couvert de gloire.

Le sens de ce tropaire est digne d'admiration. L'hymnographe Cosmas admire la condescendance de Dieu, par laquelle la nature est renouvelée, et l'ordre et la place des éléments sont transformés; et quel indicible renouvellement, dit-il, comme étourdi. En ce qui concerne l'ordre naturel des éléments : la terre se trouve tout en bas; au-dessus de l'eau, l'air et au-dessus de l'air, le feu. Avec l'Incarnation divine, je vois tout le contraire : le Feu très-haut et immatériel, qui est Dieu, se revêt d'abord de la terre, à savoir de la chair matérielle; Il se revêt ensuite des flots du Jourdain, c'est-à-dire de l'eau, et ainsi Dieu le feu immatériel imite la terre qui est au-dessous de tout, et devient plus bas que tout par extrême condescendance. L'eau du Jourdain se retrouve plus haut que Lui, et la terre, c'est-à-dire la nature terrestre des hommes se retrouve entre le feu immatériel de la divinité et l'eau du Jourdain. Ainsi elle est refondue et purifié par le feu divin, et est lavée du péché par l'eau. Aussi, par ces deux éléments, elle revient à son premier état par le Baptême du Seigneur.

Troisième Tropaire
En se purifiant dans le Jourdain, le Seigneur lave la souillure des hommes auxquels Il s'est rendu volontairement semblable tout en demeurant ce qu'Il est, et Il illumine ceux qui sont dans les ténèbres, car Il s'est couvert de gloire.

Le Seigneur, qui purifie et lave la souillure du péché des hommes, aujourd'hui est purifié dans le fleuve du Jourdain, par le baptême. Pour qui ? Pour ces hommes, auxquels Il S'est fait volontairement semblable, devenant homme par nature, sans changer quant à la divinité; mais restant ce qu'Il était : à savoir Dieu parfait. Aussi saint Grégoire le Théologien dit : "(Le Christ) était Lui-même la purification, et n'avait pas besoin d'être purifié, mais pour toi Il se purifie, tout comme Il porte un corps, étant incorporel." (Homélie pour le baptême) ? Le Christ purifie, mais aussi Il illumine. D'abord, Il purifie en produisant le divin hysope, et rendant blanc comme neige ceux qui reçoivent le baptême, pour lesquels David supplie : "Tu m'aspergeras avec l'hysope et je serai purifié, tu me laveras et je deviendrai plus blanc que la neige." (Ps 50,9). Ainsi saint Grégoire le Théologien nomme le baptême un bain qui lave (Homélie sur le baptême).
Ensuite, le Christ illumine, car, selon saint Jean le Théologien ( 1,9), Il est la Lumière véritable, qui illumine tout homme venant dans le monde, non dans ce monde visible et matériel, mais dans celui, immatériel, des vertus. C'est pourquoi aussi saint Grégoire appelle le baptême illumination. Or, vois, ô bien-aimé, que le Seigneur d'abord purifie et ensuite illumine. Il purifie d'abord l'homme de ses passions, par l'œuvre des vertus, et ensuite Il illumine le purifié par la Splendeur et l'Éclat du saint Esprit. Et comme on nettoie d'abord les objets de cuivre pour les faire briller ensuite, ainsi Dieu purifie d'abord le cœur et l'esprit, et ensuite les illumine avec la lumière de la divine grâce. Donc celui qui désire être illuminé par Dieu doit d'abord se purifier des passions par les commandements divins. "Là où est la purification, là est aussi l'illumination; sans la première, la deuxième ne se donne pas." Si quelqu'un, avant d'être purifié, demande à être illuminé, il peine en vain et sans profit.


Source du texte: bulletin orthodoxie N° 79
Père Cassien
Traduction des tropaires: groupe traduction AEOF (traduction provisoire)
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