lecteur Claude a écrit : Le chanoine deux fois divorcé de Saint-Jean-de-Latran, qui fut l'un des plus fanatiques à promouvoir l'indépendance du Kosovo, ne cesse de faire arrêter par sa gendarmerie et sa police des séparatistes basques dont la seule différence avec les hommes de l'UÇK (Ushtria Çlirimtare e Kosovës ) est d'avoir moins de sang sur les mains. Je me demande pourtant au nom de quoi il prétend refuser à la Corse, à la Bretagne ou aux trois provinces d'Iparralde - Labourd, Basse-Navarre et Soule - , et demain à la Seine-Saint-Denis tant qu'on y est, ce qu'il vient d'accorder au Kosovo et à la Métochie. Il me prend l'envie de lancer au chanoine honoraire l'apostrophe qui fut lancée à un théologien autrement plus authentique, le docteur Martin Luther, lors de la diète de Worms: Mönchlein, Mönchlein, du gehst einen schweren Gang...
Naturellement, telle et telle de ces personnes qui viennent de loin pour nous expliquer comment nous devons vivre sur notre propre terre m'ont sorti le numéro classique de désinformation otanienne à propos de "l'épuration ethnique" au Kosovo (je suppose, celle qui a mené les Serbes de 40% de la population en 1940 à 5% aujourd'hui?) et que ma prédiction à propos d'Iparralde était infondée, puisque, à leur connaissance, le Pays basque n'avait pas connu d'épuration ethnique. (Leurs connaissances doivent être limitées en ce qui concerne l'histoire de la Révolution dite française et de l'Espagne franquiste.)
Ce qui est bien avec les désinformateurs qui relaient le message américano-sarkozien, c'est que la vérité dément de plus en plus vite leurs mensonges.
Voici ce qui paraissait dès le 21 février - mais je n'en avais pas encore eu connaissance lorsque j'écrivais mon message de ce jour-là - en une de l'hebdomadaire séparatiste basque Ekaitza, dont j'ai par la suite acheté un numéro chez Elkar à Bayonne:

La traduction du titre me paraît éloquente:
Aujourd'hui le Kosovo
Demain nous!
Je ne savais pas que l'avenir me donnerait aussi vite raison, mais je savais qu'il me donnerait raison, pour la cause suffisante et évidente que ceux qui nous attaquent mentent tout le temps, toujours et en toutes circonstances. Je sais aussi que leur habitude de répétition mantrique des expressions forgées par Washington et ses traducteurs "épuration ethnique", "dommages collatéraux", "droit d'ingérence", ne fait que toujours plus souligner l'énormité et l'effronterie de leur mensonge. D'autant plus quand on voit le bilan de leur maître en matière de droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Pour enfoncer un peu plus le clou, voici l'éditiorial de ce numéro d'Ekaitza, en page 3:
"Un droit inaliénable
Le Parlement du Kosovo avait annoncé son intention de déclarer l'indépendance du pays après les élections en Serbie. Il l'a fait. Cette décision a semé le trouble dans la communauté internationale. Non pas en raison du respect ou non des droits inaliénables du peuple kosovar à se prendre en charge mais en fonction des intérêts de la politique, parfois extérieure, mais surtout intérieure de chaque pays.
Il est bien évident que nous, Basques, sommes intéressés au plus haut point par la décision qui a été prise et qui est irréversible. Déjà parce que la définition géographique du pays est un peu semblable à la nôtre. Mais surtout parce qu'un parlement a pris une décision unilatérale, une décision qui respecte le droit et les aspirations des citoyens qui l'ont élu, même si cela représente un risque considérable, que ce soit venant de la Serbie ou de la Communauté internationale. C'est une forme de courage politique qui manque cruellement ailleurs.
Mais le Kosovo nous intéresse aussi par les réactions qu'il déclenche aussi chez nos deux envahisseurs qui ont réagi très différemment. L'Etat français est un spécialiste du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, prônant partout où il passe l'autodétermination des uns et des autres. Il appuie donc naturellement l'accession du Kosovo au statut d'Etat indépendant. Et même si certains médias, notamment espagnols, mentionnent Corses et Bretons, il fait la sourde oreille. L'Etat espagnol est plus franc dans ce domaine, criant à l'illégalité, une vieille habitude, et mettant en avant les risques de contagion, en particulier sur le territoire qu'il considère comme étant le sien.
Si l'indépendance du Kosovo n'est pas en pratique consommée, il sera bon d'être particulièrement attentifs à ce que ce processus va nous apprendre. Il y aura certainement matière à jurisprudence tant sur le fond que sur la forme. Les grands de ce monde ont montré leur désaccord sur le sujet, mais cela ne veut nullement dire que le processus ne va pas se poursuivre. Plus intéressant encore est le désaccord entre les pays de l'Union européenne, à laquelle géopolitiquement nous appartenons. Il faudra bien qu'elle s'accorde sur le fait. Soyons prêts!"
Ce n'est pas du tout par antipathie pour la cause basque, bien au contraire, que je publie ce message. Après tout, je comprends bien que l'on puisse préférer être citoyen d'un petit Pays basque que sujet d'un grand Sarkoland. Toutefois, ce qui est intéressant, c'est la confirmation que la boîte de Pandore est ouverte: "(...) cela ne veut nullement dire que le processus ne va pas se poursuivre".
Nous laisserons donc les Sarkőzy de Nagy-Bocsa, Merkel, Brown et autres Prodi à leur cirage des bottes de leur maître d'Outre-Atlantique, nous laisserons le locataire du Quai d'Orsay, M. Pelletier (кушнер = pelletier, en ukrainien -NdA) à sa fierté d'avoir "remplacé le droit par le droit du coeur", et nous pouvons désormais nous attendre à l'émergence d'une bonne vingtaine de conflits ethniques en Europe, à la reconnaissance de la Transnistrie et de l'Abkhazie par la Russie, à la répétition du déni de justice qui consistera à continuer à refuser à la Republika srpska de Bosnie-Herzégovine et aux francophones du Québec ce qui a été accordé aux musulmans du Kosovo, en attendant que l'américanisation de l'Europe par les néo-conservateurs, autres born-again Christians et autres chanoines honoraires de Saint-Jean-de-Latran aboutisse carrément à la création d'entités confesssionnelles . Musulmans de Thrace, l'avenir est à vous!
Quand la France sarkozisée, démantelée, épuisée, américanisée, aura perdu la Corse, la Bretagne, Iparralde et que sais-je encore (puisque je viens de lire sur le site Internet d'un prêtre orthodoxe anglais l'information stupéfiante que les Alsaciens seraient des Allemands, je me demande où le processus peut s'arrêter), j'espère que l'on permettra à la Suisse d'émettre une revendication sur le Faucigny, cette partie de la Savoie qui voulait se réunir à la Confédération en 1860 et qui en fut empêchée par des manoeuvres tortueuses. Je peux aussi espérer que ces manoeuvres tortueuses de 1860 feront sans doute bientôt l'objet de la repentance des dirigeants actuels de la Ve République, si occupés à présenter leurs excuses pour les fautes des autres et à se consacer au "devoir de mémoire" supposé faire oublier leurs échecs actuels dans tous les domaines?
Et pourquoi pas, puisque nous vivons en plein cauchemar orwellien, où la guerre est la paix, l'esclavage la liberté et la régression le progrès, ne pas suggérer à tous ces génies le rétablisssement du principe cujus regio, ejus religio de la paix d'Augsbourg?
Et pourquoi pas, maintenant qu'on a fini de liquider la Yougoslavie multi-ethnique, s'attaquer à ces autres pays à trois langues offiicielles que sont la Belgique ou la Suisse?
Lors de l'émission de Frédéric Taddéï consacrée à la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo sur France 3 dans la nuit du 27 au 28 février 2008, où M. Taddéï avait eu le courage d'inviter MM. Alexandre del Valle et Slobodan Despot (directeur des éditions Xenia www.editions-xenia.com ) pour défendre le point de vue des dissidents, Me Jacques Vergès a eu le mot de la fin: "Ceux qui ont mis le feu nous disent maintenant qu'il ne prendra pas. Mais bien sûr qu'il prendra!"
"Que celui qui a des oreilles pour entendre entende" (Mt 13.9). Que les autres boivent tranquillement leur coca-cola en lisant Martin Bernal.